La Typographie

« La typographie est le vestibule de la littérature », Jean LAMARTINE

Tout ouvrage de bibliophilie multiplie les attraits : certains collectionneurs choisiront un livre car ils en apprécient tout particulièrement l’œuvre et son auteur, se fient aveuglément au goût sûr de leur éditeur, sont fidèles à un illustrateur reconnu de la profession, à un artisan graveur et imprimeur très prisé pour la qualité de ses textes, ou encore convoitent une édition rare ou limitée. Bref, les critères ne manquent pas !

Toutefois, quelles que soient les raisons de ce choix, trois éléments sont toujours de prime importance car ils constituent le premier contact, la première perception de l’ouvrage :

  • La typographie ;
  • Le papier ;
  • L’emboîtage, coffret ou reliure.

Jean TARICCO a délibérément voulu assurer la postérité d’une technique très ancienne : l’impression typographique en plomb qui repose sur la confection, entièrement à la main, de lignes de caractères qui, associées aux illustrations gravées dans de robustes châssis quadrangulaires, donneront la forme imprimante.

caractère plomb

Caractère d’imprimerie en plomb

Cette mise en forme porte le nom de composition manuelle : il s’agit d’aligner de petits parallélépipèdes métalliques portant sur une de leurs faces le dessin en relief d’une lettre ou d’un signe typographique, autrement dit du caractère ou type.

poincon_matrice_caractere

Poinçon, matrice et caractère (garamonpatrimoine.org)

Ces caractères mobiles, inventés par Gutenberg vers 1440, de même que l’alliage de plomb, d’antimoine et d’étain dans lequel ils étaient coulés, furent perfectionnés par des générations de fondeurs ; ils gardent néanmoins pour trait commun l’inscription, en relief, des signes de l’alphabet dans un rectangle dont le grand côté est appelé corps et le petit côté la chasse. Le corps a la même valeur pour tous les signes de l’alphabet ; il s’exprime en points et caractérise en fait la hauteur de la lettre, hampe et jambage compris. La chasse, elle, n’est pas identique pour toutes les lettres (un m « chasse » plus qu’un i) ; c’est en quelque sorte la largeur du caractère.

Cette composition manuelle est l’œuvre de l’ouvrier compositeur qui, travaillant debout, prélève les lettres, signes de ponctuation et espaces dans le compartiment ad hoc de la casse (bas-de-casse pour les minuscules, haut-de-casse pour les majuscules ou capitales), puis les dispose une à une dans le composteur.

Ces lignes du texte sont ensuite rangées dans une gallée.

Lorsque toutes les pages nécessaires à la constitution d’un cahier sont composées, on positionne la feuille dans un châssis : c’est l’imposition.

Calage des gallées sur machine

Calage des quatre gallées constituant un cahier du livre.

Le choix du caractère a bien sûr son importance ; il doit concilier classicisme et modernité, élégance et lisibilité… Le Garamond (ou Romain de l’Université) a souvent eu la faveur des éditions d’art.