Le Graveur

La passion pour métier

The Palme d'Or at CannesJean TARICCO est né le 14 juin 1933, au pays de l’azur…

À l’âge de 12 ans, il quitte cet environnement exceptionnel pour venir à Paris avec sa famille. Loin des sources méditerranéennes qui parlent à l’imagination et lui ont certainement inspiré sa vocation artistique, Jean TARICCO acquiert très vite le goût du dessin et du travail du bois : de ces deux amours allait naître sa carrière future.

Ainsi, pendant plusieurs mois, en dehors de ses heures de scolarité, ce jeune Parisien suit des cours de dessin, de peinture aux Arts Appliqués… Et le hasard lui fait un jour découvrir le métier de graveur sur bois qui allait lui permettre de concilier son habileté manuelle, son imagination méridionale et sa passion pour la rigueur du dessin.

enseigne-de-l-imprimerie-coulouma-argenteuilUn matin d’octobre, Jean TARICCO se présente rue du Fg Saint-Honoré, au siège de l’imprimerie COULOUMA ; il y rencontre Gérard ANGIOLINI, directeur artistique, déjà talentueux graveur sur bois, qui lui donne son premier bois à graver et lui dispense de nombreux enseignements. Or le métier de graveur exige une formation de base sévère et parallèle de phoénicien, indispensable pour pratiquer la gravure sur bois. Pendant trois ans, Jean TARICCO gravit les échelons essentiels à la maîtrise de cet art.

C’est en 1956 qu’il se présente, sur recommandation et attiré par la réputation du Maître Imprimeur Raymond JACQUET, à son atelier d’art : il débute ainsi sa carrière de graveur et passera plus de dix ans auprès de cet artiste pour affiner sa technique et s’imposer rapidement comme un graveur très doué. Dix années pendant lesquelles, à contre-courant des facilités du monde mercantile et des impératifs de production, il participe à une évolution progressive des techniques de reproduction vers plus de rigueur, plus de fidélité, une authenticité seconde : c’est la naissance d’un nouveau procédé d’impression, la « recréation », une technique qui exige des talents de graveur, de chromiste et d’imprimeur exceptionnels.

Pour la gravure, une ère nouvelle était née…

En 1966, les Éditions d’Art « Les Heures Claires » installent leur propre imprimerie et en offrent la direction à Jean TARICCO. Les années confirmeront son talent qui se manifeste aussi bien dans l’appréciation d’une œuvre que dans sa réalisation. Parmi les bois gravés exécutés au cours de cette période, citons les « Fables » (3 volumes), suivies des « Contes » (3 volumes) de Jean de La Fontaine, illustrés par le célèbre miniaturiste Henry LEMARIÉ, puis « L’Imitation de Jésus-Christ » et « Villon », illustrés par Yvonne VAULPRÉ DEBEAUVAIS.

Les planches dites de Décomposition permettent d’apprécier, à leur juste valeur, ces prouesses de gravure dans l’infiniment petit et le repérage parfait des couleurs, qui donnent la profondeur des paysages, l’expression des personnages, la pureté du trait, la finesse des feuillages, des tissus et des broderies. On retrouve ici l’exigence intemporelle des enlumineurs de la haute époque. Certaines pages du « Villon » sont passées 50, voire 60 fois sur les presses guidées et repérées par la main habile de l’imprimeur.

L’ensemble des travaux de l’édition a nécessité près de 25 000 heures de travail, soit 900 bois gravés pour un seul volume, ce qui a exigé trois années de labeur intensif du Maître Graveur Jean TARICCO et de son atelier !

Jean TARICCO a su traduire, avec une fidélité absolue, les peintures de ses illustrateurs : chaque couleur, chaque nuance demande la gravure d’une plaque spéciale ; chaque illustration implique ainsi 30, 40, 50 passages en couleur ; l’ordre de passage exige une intuition et un coup de main exceptionnels, dignes de la plus haute tradition artisanale.

En 1985, le Maire de Paris remet à Jean TARICCO la « Médaille d’argent de la Ville de Paris ».

Le Spleen de Paris

Dans les années 1990, en pleine possession de ses moyens et de son art, Jean TARICCO décide de prêter son talent au poète sans doute le plus représentatif du XIXe siècle français, Charles BAUDELAIRE, et à une œuvre majeure, trop souvent délaissée par l’Édition d’Art : « Le Spleen de Paris ». Passé maître dans l’art de la reproduction de miniatures, Jean TARICCO se veut résolument à contre-courant des tendances de cette décennie qui, à défaut de gravures sur bois, font la part belle à des illustrations ornées de riches enluminures hautes en couleur, mais souvent dépourvues de finesse et de nuance.

Aussi s’attaque-t-il à la gravure de petits tableaux du peintre Jean-Baptiste FERRALI qui s’est attaché à dépeindre, avec une infinie subtilité, les sentiments, les doutes, les errances et les révoltes qui font de la personnalité contrastée de Baudelaire l’une des grandes figures de la littérature française.

Comme une invitation au rêve…

Jean_TARICCO_Illustration JB_FERRALI

« Décidément, c’est qu’il faudrait demeurer pour cultiver le rêve de ma vie. »,
Les Projets, Le Spleen de Paris, Éd. Mirabilis

 

Jean TARICCO s’en est allé le 18 avril 2012 avant d’avoir pu achever cet ouvrage.

 

Lutin_gravure_sur_bois

 

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