Le Spleen de Paris

Baudelaire et les poèmes en prose


«
L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu. »

(Le Confiteor de l’artiste, Charles Baudelaire)

C’est en 1857, année même de parution des « Fleurs du Mal », que se manifeste sans doute chez Charles Baudelaire l’idée d’un recueil de « Petits Poèmes en Prose ».

Ce qui deviendra « Le Spleen de Paris » (après de multiples titres successifs) paraîtra par morceaux dans les journaux et les périodiques de l’époque. « Il y a plusieurs années que je rêve à mes poèmes en prose», confie l’artiste dans une lettre à son éditeur, en 1861. Scrupuleux à l’extrême, épris d’absolu et de perfection, il lui faudra encore une dizaine d’années pour mener à bien sa tâche.

Encore doit-il renoncer à son projet initial de cent pièces, à l’instar des « Fleurs du mal » (dans leur forme première) ; confronté aux difficultés croissantes du travail, à la fatigue, aux multiples infortunes, embûches, tracas et échecs dans ses tentatives de publication ainsi qu’à une conscience accrue de l’impossibilité à accomplir cette tâche, Baudelaire est contraint de réduire l’ouvrage de moitié. « Le Spleen de Paris, ce maudit livre sur lequel je comptais tant est resté suspendu à moitié… ». Ce ne sont que dans les derniers mois de sa vie que Baudelaire dresse la table des matières de ces petits poèmes en prose pour arrêter l’ordre même du recueil.

Ces petits poèmes en prose, Baudelaire les a conçus comme le pendant de son recueil de poèmes en vers « Les Fleurs du mal ». Mais l’idée de symétrie est toute de surface ; en filigrane, il y a celle de contrepoids, d’opposition, voire de nouveauté révolutionnaire. Pour Baudelaire, ces poèmes en prose « marquent un commencement absolu ». Malgré les déceptions, les découragements, les périodes stériles, le pessimisme le plus noir (spleen), il ne cessera de croire en la prodigieuse originalité de son œuvre.

« Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? » 

 

Arrow1

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>